Gens de Calais
Installation vidéo, 1997 / 30 min. Français. Écran 325 x 250 cm / Chambre avec papier peint sur l’extérieur
/ Installation au Channel, Galerie de l’Ancienne Poste, Calais.
J’ai tourné Gens de Calais avec 49 habitants de Calais et un chien. Invitée au Channel, j’avais immédiatement pensé à Rodin et à cette étonnante histoire du socle des Bourgeois de Calais. Dans mon dictionnaire personnel, c’est là que j’ai toujours placé le début de l’avant-garde. Rodin ne voulait pas de socle à sa sculpture, et les bourgeois devaient reposer directement sur le sol. Ces personnages, de petite taille, auraient ainsi été à hauteur humaine. Mais le maire de la ville, et l’Histoire, n’étaient pas encore prêts à renier la hauteur royale et divine des statues équestres. En 2002, l’œuvre est toujours sur un socle et, qui plus est, sur un terre-plein herbeux !
J’ai décidé immédiatement de faire Gens de Calais. Nous avions réussi, Marie-Thérèse Champesme et moi-même, à convaincre le directeur de Nord Littoral d’offrir la troisième page du journal pour l’annonce du tournage. La condition était de venir à deux. Le tournage dura plus de 30 heures dans une immense salle en construction du quartier du Beau-Marais. 25 couples s’étaient présentés, de l’homme le plus riche de la ville à un ex-prisonnier. La veille du vernissage, j’avais demandé d’enlever les panneaux qui obstruaient les fenêtres du centre d’art pour l’ouvrir sur l’espace de la ville.