Living Pictures

What belongs to them

Installation vidéo / 2003 / 36 minutes

Ayant vu mon travail dans l’exposition de réouverture de P.S.1, le directeur du Centre d’Art de la Nouvelle-Orléans, David Rubin, était passé en 2000 à mon atelier pour me commander une Living Pictures sur l’esclavage dans le cadre du Louisiana Purchase (1803-2003), c’est-à-dire du rachat de la Louisiane à la France… qui devait avoir lieu 3 ans plus tard ! C’est la première fois que l’on me commandait une vidéo sur un sujet aussi précis. J’ai accepté de tourner une Living Pictures sur l’esclavage ‘en général’: aussi bien l’esclavage économique, racial que l’esclavage psychologique. Puis il y eu le drame du 11 septembre et je me souviens que le 20 mars 2003, le premier jour de mon tournage, fut aussi le premier jour de la guerre en Irak. Au Centre d’Art de la Nouvelle-Orléans les budgets avaient été réduits de moitié et le studio réservé avait été remplacé par le pavillon pour invités d’un des trustees du musée.

Nous avions passé une annonce dans le journal de la région pour rechercher des : ‘personnes acceptant de venir avec un objet ou une musique parlant de l’esclavage en général’. Mon studio appartement était dans le quartier le plus riche de la Nouvelle-Orléans et au bout de trois jours le CAC reçut des plaintes des habitants du quartier. Ils ne pouvaient supporter que des Noirs viennent ainsi déambuler dans ce territoire réservé aux Blancs!

Des Noirs et des Blancs sont passés devant ma caméra. Au début du tournage j’avais tendu à chacun d’eux un bonnet du KKK... Je me souviens surtout de deux participants blancs. L’un vint avec une marionnette noire qu’il s’était mis à articuler de façon ambiguë devant la caméra. Puis il y eut cet homme d’origine française qui tenait absolument à dire que son arrière grand père, qui était planteur, avait battu à mort un très jeune esclave noir. Il n’arrivait pas à finir son récit. Ce fait, resté impuni, le hantait encore un siècle plus tard et gâchait sa vie.

 

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