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Biographie

En 1991, la vie artistique de Sylvie Blocher bascule. Elle réalise alors l’installation « Déçue, la mariée se rhabilla » (Coll. Centre Pompidou), un manifeste s’opposant à la violence d’une certaine partie de la modernité qu’elle trouve trop blanche, colonialiste, anti-femmes et homophobes et lance le concept « Je nous sommes » et entame une pratique « ULA - Universal Local Art »  qui tente d’interroger une modernité à l’universalisme autoritaire, sous l’angle de l’altérité. Aux mécanismes de contrôle elle oppose des protocoles filmiques d’émancipation, de réparation, de droit à dire, à s’inventer autre, et prône une « décolonisation du moi ». Ses images en mouvement travaillent une matière humaine imprévisible et fragile ( les volontaires qu’elle filme ), qui l’oblige à confronter esthétique et éthique. Elle s’intéresse depuis ses débuts aux émotions, aux conditions sociales, aux luttes, à la singularité radicale des corps pour creuser les identités, les genres, les dominations, les couleurs de peau, les déterminismes, les non-dits, les droits de réponses, les points aveugles, les mémoires interdites, les lapsus, les excuses, les silences murés dans lesquels reposent les cadavres.
Sylvie Blocher sait que les expériences intimes des vies et les luttes peuvent, par leurs déplacements dans l’espace de l’art ouvrir des fenêtres sur des formes d’invisibilité, et à une vérité des corps au-delà de ce qu’ils nous montrent.  Se confrontant ainsi aux imaginaires des autres, elle engage avec les participants « une poétique de la relation » et une autre distribution des rôles et des mots.
Elles exposent dans les musées et les biennales (Pusan, Alexandrie, New Delhi, Salvador de Bahia, Venise, Lyon, Santiago de Chile, Jaffre, Liverpool… Ses œuvres sont dans les collections nationales et internationales comme le SFMOMA San Francisco, le MUDAM Luxembourg, l’AGO Toronto, le MNBAQ Québec, le NMNM Monaco, le MACS Grand Hornu, le MAM Centre Pompidou, Le FRAC Poitou-Charentes, l’IAC Villeurbanne/Rhône-Alpes...

En parallèle dans les années 90 elle crée avec l’architecte urbaniste François Daune le collectif Campement Urbain, qui invente des espaces publics à partir des récits des habitants. Le collectif reçoit en 2002 le prix International Art/Community/Collaboration Fondation Evens au MUKHA  à Anvers pour le projet Je&Nous dans le quartier des Beaudottes à Sevran 93; en 2012 le Grand Prix d’Urbanisme d’Australie, pour avoir redessiner le plan urbain de la ville de Penrith, dans le Western Sydney, à partir des rituels de ses habitants, sur l’invitation du programme C3West du Musée d’art contemporain de Sydney...

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