Fais ton poème

2014-2024

« Il aura fallu dix ans à « Fais ton poème » pour voir le jour, œuvre d’art, contributive et rêveuse, qui sous forme de dispositif vidéo participatif, interroge la liberté des mots, leur poésie, mais aussi la responsabilité qu’ils impliquent dans leur passage de l’intime au collectif. »

— Sylvie Blocher

Écrans LED, 4,50m x 1,80m, connexion TCP/IP, Variation de couleur suivant les saisons, Installation le 27 juin 2024 au CCN – Centre Cardiologique du Nord

©Sylvie Blocher, Adagp

« Fais ton poème » répond à une commande citoyenne entamée en 2014 à Saint-Ouen à l’initiative d’un groupe de cinq personnes travaillant à Commune Image, une plateforme de travail collaboratif dans le domaine de l’audio-visuel. Le groupe s’interrogeait sur le système de fabrication des images et le décalage « entre ce dont tu rêves et ce que tu fais », ressenti comme paradoxal. Ils ont choisi pour ce faire l’artiste Sylvie Blocher. Il rêvait d’une relation plus mentale et active à l’écran, et afin de partager cette réflexion avec les visiteurs et les habitants du quartier, il a fait appel à l’action Nouveaux commanditaires. Cette action permet aux citoyen.nes de s’associer à un.e artiste pour exprimer des questionnements par le biais d’une commande d’œuvre d’art.

À la vente de Commune Image en 2018, quand les nouveaux propriétaires ont annulé le projet —peu intéressés par des liens entre leur propriété et le quartier — le groupe a décidé de le présenter à d’autres structures susceptibles de comprendre l’enjeu et l’importance de l’œuvre qui faisant appel aux imaginaires de tous les publics. Le théâtre de la Commune l’a alors accueillie avec son équipe, puis la nouvelle maire d’Aubervilliers a arrêté le projet juste avant sa construction sur l’arrière du théâtre face au parc. Un an plus tard, c’est le Centre de Cardiologique du Nord à Saint-Denis qui a relevé le défi de cette œuvre expérimentale.

« Fais ton poème » est pensée par l’artiste comme « un espace public artistique » dans un lieu de soins. Un choix revendiqué par l’artiste : «Le CCN, en Seine-Saint-Denis est un lieu qui m’intéresse car il est le résultat d’une aventure humaine, médicale et sociale réussie.

« En 1973, trois cardiologues d’excellence, Armand Benacerraf, Paul Charlier et Bernard Morin décident de créer ensemble, à Saint-Denis, une structure hospitalière novatrice dans les pathologies cardiaques (actuellement 120 médecins et chirurgiens). Une de leurs ambitions était de montrer que l’on peut atteindre l’excellence médicale, passionnément, tout en maîtrisant les défis économiques et sociétaux en Seine-Saint-Denis. Créer un lieu indépendant, hors mandarinat, appartenant à ses médecins qui investissent leurs dividendes dans la recherche. Le CCN est actuellement l’un des meilleurs établissements de santé au niveau national dans la prise en charge médicale, interventionnelle et chirurgicale des maladies cardio-vasculaires.

Cette organisation économique entre en résonnance avec le travail de l’artiste sur sa conception du monde et de la démocratie. C’est dans ce cadre singulier, hors périmètre habituel de l’art, qu’elle décide d’interroger le sensible et l’altérité, « de produire un décentrement des regards, pour un droit à dire, à s’inventer autre, à s’émanciper. Un lieu pour « une poétique de la relation. Fais ton poème est un dispositif vivant dans le sens qu’il se transforme chaque jour par l’apport de nouvelles phrases qui s’afficheront sur l’écran placé sur la façade du CCN. Ces phrases seront écrites aussi bien par ceux et celles qui y travaillent, que par des patients ou des visiteurs.

Le poème est l’expérience de tout le monde » disait l’artiste poète Robert Filliou. Ici le poème prend la forme de mots offerts, des phrases qui ne sont issues ni de la communication, ni de revendications sociales ou de discussions sur les réseaux sociaux. Mais des phrases puisées dans des moments qui nous touchent intérieurement, au travail ou dans la vie. Des moments rares, inédits, inattendus, heureux ou malheureux restés en attente en nous, et sur lesquels nous n’osons, ou n’avons plus, le temps de mettre des mots. Déployées dans l’espace ces phrases deviendront l’un des cœurs actifs du CCN ».

« Fais ton poème » appartiendra à tous les personnels, patients et visiteurs, et accueillera les phrases de ceux et celles qui veulent s’en saisir. Les conditions de son utilisation, longuement discutées, devraient à terme fonctionner avec l’apparition des phrases en léger différé. Celles-ci pourront être saisies à partir d’un clavier, à côté de l’œuvre et de l’écran. Cependant, l’apprentissage de nos propres libertés se faisant lentement, « Fais ton poème » exposera dans un premier temps des phrases récoltées par l’artiste auprès des personnels.

Éphémère, chaque phrase affichée finira, après sa disparition de l’écran, conservée dans une archive numérique, qui constituera la matière vivante de cette expérience sensible d’une durée de 5 ans au CCN. » SBCette œuvre expérimentale voit le jour grâce au soutien de la Fondation de France, de la Fondation Daniel et Nina Carasso, du département de la Seine-Saint-Denis, de la Société des Nouveaux commanditaires et de l’association 3CA ;

au CCN grâce au Dr Marc Benacerraf, à l’association Cœurs Dionysiens, aux Dr Xavier Copie et Dr Julien Nahum, membres du directoire.

Do your poem

2014-2024

“It took ten years for “Do your poem” to see the light of day, a work of art, that is both contributive and dreamlike, and which, in the form of a participatory device questions the freedom of words, their poetry, but also the responsibility they imply in their passage from the intimate to the collective.”

— Sylvie Blocher

LED screens, 4.50m x 1.80m, TCP/IP connection, Seasonal color variations, CCN – Centre de cardiologie du Nord Saint Denis France

©Sylvie Blocher, Adagp

“Do your poem” was commissioned in 2014 by a group of five people working at Commune Image, a collaborative audio-visual platform in Saint-Ouen. The group wondered about the image-making system and the gap “between what you dream and what you do”, felt to be paradoxical. They chose the artist Sylvie Blocher as their subject. He dreamed of a more mental and active relationship with the screen, and in order to share this reflection with visitors and local residents, he called on the New Sponsors initiative. This initiative enables citizens to join forces with an artist to express their concerns through a commissioned work of art.

When Commune Image was sold in 2018 and the new owners cancelled the project – uninterested in links between their property and the neighborhood – the group decided to present it to other structures likely to understand the stakes and importance of the work, which appealed to the imaginations of all audiences. The Théâtre de la Commune welcomed the group and its team, and then the new mayor of Aubervilliers stopped the project just before it was due to be built on the back of the theater facing the park. A year later, the North Cardiology Center in Saint-Denis took up the challenge of this experimental work.

“Do your poem” is conceived by the artist as a public artistic space in a healthcare setting. A choice asserted by the artist: “The CCN, in Seine-Saint-Denis is a place that interests me because it is the result of a successful human, medical and social adventure.

“In 1973, three outstanding cardiologists – Armand Benacerraf, Paul Charlier and Bernard Morin – decided to join forces in Saint-Denis to create an innovative hospital structure for cardiac pathologies (currently 120 doctors and surgeons). One of their ambitions was to show that medical excellence could be achieved, with passion, while mastering the economic and societal challenges in Seine-Saint-Denis. To create an independent, non-mandarin place, owned by its doctors who invest their dividends in research. The CCN is currently one of the best healthcare establishments in France for the medical, interventional and surgical management of cardiovascular diseases.

This economic organization resonates with the artist’s conception of the world and democracy. It is in this singular setting, outside the usual perimeter of art, that she decides to question sensitivity and otherness, “to produce a decentering of gazes, for a right to say, to invent oneself other, to emancipate oneself. A place for “a poetics of relationship. Do your poem is a living device in the sense that it is transformed every day by the contribution of new phrases that will be displayed on the screen on the CCN’s façade. These phrases will be written by those who work here, as well as by patients and visitors.

The poem is everyone’s experience”, said the artist and poet Robert Filliou. Here, the poem takes the form of offered words, phrases that are not the result of communication, social demands or discussions on social networks. Rather, they are drawn from moments that touch us internally, at work or in life. Rare, unprecedented, unexpected, happy or unhappy moments that have been waiting for us, and which we don’t dare, or don’t have the time, to put into words. Unfurled in space, these phrases will become one of the active hearts of CCN.

“Do your poem” will belong to all staff, patients and visitors, and will welcome phrases from those who wish to use it. The conditions of use, which have been discussed at length, should eventually work with the appearance of slightly delayed sentences. These can be entered from a keyboard, alongside the work and the screen. However, as we learn our own freedoms slowly, “Do your poem” will initially display sentences collected by the artist from staff members.

Ephemeral, each phrase displayed will end up, after its disappearance from the screen, preserved in a digital archive, which will constitute the living material of this sensitive experience lasting 5 years at the CCN.” SB

This experimental work was made possible thanks to the support of the France Foundation, the Foundation Daniel et Nina Carasso, the Department de la Seine-Saint-Denis, the Société des Nouveaux commanditaires and the 3CA association;

the CCN thanks to Dr Marc Benacerraf, the Cœurs Dionysiens association, and board members Dr Xavier Copie and Dr Julien Nahum.